Les canadiens de Valyria ont
sorti leur premier album Collatus en autoproduction et il est disponible à
l’écoute et au téléchargement depuis le bandcamp du groupe. Valyria évolue dans
un registre de "Melodic Death Metal- Power Metal" très original et intéressant. Valyria
d’entrée de jeu met la barre très haute que se soit pour les textes ou pour la
musique même.
En ce qu’il concerne les textes
Valyria a fait un travail de recherche et d’originalité digne d’un orfèvre.
D’abord le nom du groupe Valyria renvoi à l’univers de la série fantasy Le Trône de Fer (A
Song of Ice and Fire) de George R. R. Martin. Ensuite le mot Collatus est
un mot latin qui signifie dans son premier sens « combat » et dans
son deuxième «conférence, enseignement».
Artwork by Sara Laage-Petersen/WargusEstor |
Après l’introduction instrumentale Praeludium,
le titre Polaris est inspiré par la figure de l’écrivain Howard Philips Lovecraft.
Polaris est le titre d’une nouvelle de l’écrivain qui désigne l’étoile polaire.
Dans cette novelle Lovecraft raconte un rêve récurrent sous forme
autobiographique. La chanson aussi mêle éléments de la vie de l’auteur à
d’autres tirés de sa nouvelle. Le titre Karbala résume et raconte l’histoire de
la bataille de Kerbala
qui a eu lieu le 10 octobre 680 en Irak.
Crown of Creation raconte un épisode
historique assez intéressant qui reprend un peu l’idée du roman de Frankenstein
de Mary Shelly. En 1854 John
Murray Spear (un homme d’église adepte du spiritualisme) essaya de bâtir en
Nouvelle-Angleterre un dieu de métal. Dans son idée, il voulait réunir la
science et le spiritualisme en réalisant un dieu de cuivre, zinc, aimants nommé
"New Motive Power". Ce nouveau Messie aurait dû inaugurer une nouvelle ère.
The Blinded Torch est inspiré de
la nouvelle de Joseph Conrad Au Cœur
des Ténèbres (Heart of Darkness). Il faut savoir que le film Apocalypse Now
de Francis Ford Coppola transpose cette histoire dans le contexte de la guerre
du Vietnam. Starborn, si je ne me trompe pas
est inspiré du roman de science fiction de Robert A. Heinlein L'Age
des Etoiles (Time for the Stars). Un vaisseau, avec des terrestres, part dans
l’espace pour chercher de nouvelles terres à coloniser.
On remarquera que le « songwriting »
est très fouillé, les textes sont très longs et très maitrisés. Il y a en amont
un travail de longue haleine qui donne une valeur ajouté à cet album. Les axes Jeremy
Puffer et Andrew Traynor font un travail remarquable de solidité et
d’inventivité pour dynamiser tous les titres de Collatus.
Musicalement le coté "melodic
death metal" côtoie le "power metal" avec un aspect "progressif". Par ce mot
« progressif » j’entends que les titres se développent en plusieurs
moments différents avec des atmosphères différentes. Des compositions « à
tiroirs » en quelques sorte qui ne tombent pas dans l’excès et dans la
démonstration technique stérile mais qui au contraire rendent les titres
vivants et accrocheurs. Il y a toujours une recherche qui tend à mettre en
valeur l’harmonie et celle ci est toujours présente en phase de soli qui sont joué
avec guitare soliste et souvent à deux guitares, les twin guitars.
Les titres sont extrêmement
accrocheurs, bien interprétés avec une utilisation intéressante et très
parcimonieuse du chant clair (Polaris). La batterie de Mitchell Stykalo est
aussi phénoménale et alterne souvent des rythmiques plus martiales à des tempi
plus en délicatesse là où la composition le requiert. Le travail sur l’album
est très réussi et surtout le titre Crown of Creation avec son tempo en
crescendo est enrichi par une batterie très soutenue et implacable.
Cam Dakus à la basse aussi est
présent et se taille une bonne part sur le solo de basse sur The Blinded Torch. De plus Cam Dakus est
aussi le chanteur qui évolue dans un registre grunt mais il n’hésite pas à
mettre des touches de chant clair ou des touches de grunt encore plus grave ici
et là.
Il faut noter la participation Mike Burton
qui a signé le deuxième solo du titre Crown of Creation ainsi que Morgan
Szucs (auteur du solo de clavier sur le titre Starborn) et Michael Van Hoof
(qui a signé le solo de piano sur Starborn).
Le seul bémol de l’album est sa
production. La voix est trop suffoquée par la musique et elle ne ressort pas
comme elle le devrait. Malheureusement la voix n’est pas trop mise en valeur.
Par contre, et là je suis satisfait, l’album sonne vrai et presque
« live ». C'est-à-dire que en phase de soli à deux guitares on perd
de la profondeur et c’est tout à fait normal. On est loin heureusement des
superproductions actuelles qui offrent un son en ‘plastique’ et toujours
uniforme et qui sont désormais à la mode.
Avec Collatus, Valyria signe un
premier album vraiment réussi : bien joué, bien interprété, avec un
songwriting très poussé et une bonne dose d’originalité.
Score 9/10
Valyria - Collatus (fan-made cd) |
Valyria - book (fan-made cd) |
Valyria - book (fan-made cd) |
Valyria - back (fan-made cd) |
Valyria - cd (fan-made cd) |
Line up
Cam Dakus - Bass/Lead Vocals
Jeremy Puffer - Guitars/backing vocals
Andrew Traynor - Guitars/backing vocals
Mitchell Stykalo - Drums
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