N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (Compilation, 2016)
Krucyator Productions
Avant de commencer cette chronique je voudrais juste ouvrir une
parenthèse. Dans le monde de la musique mainstream, les compilations ça
fuse ! Dès qu’une major aperçoit un certain intérêt vers un artiste, elle
nous fait le coup de la compilation afin d’en vendre le plus possible et dans
le but de prendre le consommateur pour une vache à lait. Ce n’est pas le cas
ici. Nous ne sommes pas dans la musique mainstream et au contraire, depuis le
temps que je côtoie le milieu de la musique extrême il y a deux attitudes que
je vois le plus souvent : l’intégrité et le respect.
Intégrité des artistes qui ne font pas de compromis envers eux-mêmes
et leur art. Respect des artistes vis-à-vis d’eux même et des fans et des
fanzines / blogs. Certes on peut trouver l’imbécile aussi mais il y en a
partout, n’est pas ?
N.K.V.D. - Diktatura (ep 2007) |
La sortie de cette compilation Totalitarian Industrial Oppression de
N.K.V.D. est tout ce qu’il y a de plus normale et légitime. Cette compilation
réunit le premier album du groupe l’ep Diktatura sorti en 2007 et désormais
épuisé et le deuxième album, le full-lenght Vlast sorti en 2011 et lui aussi
épuisé. De plus l’album Vlast a été re-masterisé pour cette occasion.
Comme on a dit Totalitarian Industrial Oppression remplit le vide
causé par le sold out de Diktatura (depuis 2010) et de Vlast (depuis 2015) et
puisque le label Those Opposed Records n’a pas souhaité rééditer ces albums, c’est
le label Krucyator Productions qui s’est chargé de l’affaire. De plus la
remasterisation de Vlast est justifiée pour donner la même couleur à cette
compilation. Vlast est la continuation
de Diktatura mais à l’époque ne sonnait pas aussi « heavy ». Aujourd’hui
c’est chose faite.
On remarquera que nous avons écrit toujours Vlast pour indiquer cet
album. En réalité le titre correct est en russe et donne Власть. On pourrait
traduire Власть par « autorité » ou « pouvoir ». On voit
ici un clin d’œil, un lien, avec le groupe Autokrator, c'est à dire les
thèmes de l'autorité et des formes de pouvoir.
Oui parce que le maître pensant, la tête derrière N.K.V.D. et Autokrator est le
français Loic F.
Je ne vais faire une analyse album par album mais considérer Totalitarian
Industrial Oppression comme un seul album qui a un début et une fin. D’abord la
couleur est la même. Noir comme le noir le plus total. Si parmi les couleurs,
le noir absolu est le Vantablack,
musicalement cette même couleur est proposée par N.K.V.D. N.K.V.D. fait du black
metal industriel. Du black metal dans la démarche jusqu’au-boutiste de la mise
en forme et de l'agressivité. De l’industrial pour aller au-delà et enfoncer le clou encore plus
fort là où ça fait mal avec un côté froid et détaché à glacer le sang. Le tempo
de la batterie est extrême. En effet on ne peut pas aller au-delà. L’oreille
humaine ne pourra pas suivre. Le tempo flirte avec les 300 BPM. Traduit en musique c’est une claque qui laisse
la marque des cinq doigts pendant longtemps sur la joue. La batterie est effrénée
et portant les riffs restent hypnotiques. Les riffs montent et descendent comme
des déferlantes. On dirait des vagues qui reviennent avec force et se brisent
toujours au même endroit. Elles recouvrent tout : l’auditeur, l’espoir, le
soleil.
Si vous écoutez le titre Sloboda avec un casque, le bruit de fond, le « tump »
« tump » régulier vous perce les oreilles. Le discours en voix off vous submerge par son
côté martial et aseptique. Ici on trouve la force de N.K.V.D. : souvent on
trouve des samplers de voix off, des bruitages (de pas, d’acclamations de foule).
Si d’un côté ces samplers donnent un côté historique aux titres, de l’autre
avec un son si lourd et monolithiques, c’est comme si le tout était gravé dans
la pierre. On se trouve face à un documentaire sonore. Les textes relatent d’évènements
historiques graves et forts qui sont couché pas sur papier comme un livre, pas
en images comme un documentaire, mais en musique.
Pour résumer N.K.V.D. fait de l’histoire politique axée sur des thèmes
autoritaires le tout dans un cadre de black metal industriel. Mais il y plus
encore. En effet en ouvrant le digipack j’ai cherché les textes. C’est une
sorte d’habitude. Il n’y en a pas. Les « liner notes » sont
essentielles. Il n’y a plus les références visuelles de Diktatura et de Vlast. Diktatura
présentait sur la pochette les photos de, Milosevic, Staline, Akhmad-Hadji
Kadyrov et Hitler. Vlast affichait le marteau et la faucille sur un fond rouge
de sang. Totalitarian Industrial Oppression présente une réinterprétation du
logo de N.K.V.D. c'est-à-dire un aigle qui est dans ce cas posé sur un symbole
militaire (une étole entourée d’une couronne). Le tout en noir et blanc ou
mieux en plusieurs tons de gris. Ce visuel se rattache d’un côté à un visuel
plus black metal et industrial et aussi aux visuels d’Autokrator. En plus ce
visuel permet d’aller plus loin par rapport aux visuels de Diktatura et de
Vlast qui restent encrés dans une histoire contemporaine. Ce nouveau visuel
propose un renvoi à un côté intemporel. Ceci rejoint aussi le manque des
textes. A l’écoute on est désorienté puisque on ne comprend pas les mots que l’on
entend. Cette désorientation permet de passer du côté réel, des faits historiques
dont on parle et d’aller plus loin. Les dictatures dont on parle, les crimes,
les abus mis en musique sont à la fois réels, documentés et en même temps
renvoient à tous les crimes, les abus, les dictatures qui sont passés sous
silence, qui ont eu lieu, qui ont lieu et qui auront lieu.
Il s’agit juste de mon interprétation et ceci n’engage que moi, il va
de soi.
Pour terminer on peut dire que cette compilation Totalitarian
Industrial Oppression d’un côté remplit le vide crée par l’épuisement des
albums Diktatura et Vlast. En même temps elle permet de mettre en valeur ces
deux albums qui sont dans la continuité et cet élément est accentué par le
remastering de Vlast. On a alors entre ses mains un bel objet qui permet de réfléchir
sur certains aspects politiques actuels et universels. Le tout grâce à un assaut
sonore extrême et sans aucun compromis. De plus cette compilation permet de garder
« vive » la mémoire de N.K.V.D. en attendant (on l’espère) un prochain
album.
Score 9,5/10
N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (2016) - flyer |
N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (2016) - cover by H &Secret Shelter and L.F / Layout by L.F |
N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (2016) - cover by H &Secret Shelter and L.F / Layout by L.F |
N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (2016) - cover by H &Secret Shelter and L.F / Layout by L.F |
N.K.V.D. - Totalitarian Industrial Oppression (2016) - cover by H &Secret Shelter and L.F / Layout by L.F |
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