Amaze Knight est un groupe italien de progressive metal fondé à Turin en 2010. Le socle est formé par Christian Dimasi (guitare) et Michele Scotti (batterie). Ensuite Fabrizio Aseglio (voix) et Matteo Cerantola (basse) complètent la formation. Le groupe se met rapidement à l’œuvre et le premier album The Key voit le jour en 2013. Roberto Maccagno, engenieur du son et producteur a mis la main à la pâte pour la réalisation de cet opus.
Avant d’attaquer cette chronique
il faut juste rappeler au lecteur qu’en Italie il y a une longue et remarquable
tradition de progressive metal. Au début, pendant les années ’70, il y a eu une
sorte de triade sacrée formée par les groupes Premiata Forneria Marconi (PFM),
Le Orme et Banco del Mutuo Soccorso. Il y a eu aussi d’autres groupes
remarquables comme Garybaldi et The Trip. Avec des hauts et des bats cette
scène est toujours en activité et aujourd’hui on peut compter sur des groupes
comme Il Cerchio d’Oro, Il Bacio della Medusa, Il Segno del Comando, Il Tempio
delle Clessidre, Presence, Sophya Baccini pour continuer à transmettre cette
musique.
Alors oui, on peut dire qu’Amaze
Knight a des sonorités à la
Dream Theater ou à la Fates Warning, mais
avant de citer ces deux groupes, on pense qu’Amaze Knight pioche plutôt dans
cette tradition italienne et le fait en sortant un concept album. En ceci aussi
le groupe se rattache aux italiens car il suffit de penser à des concepts
albums fondamentaux tels que Felona e Sorona (Le Orme), Darwin! (Banco del Mutuo Soccorso), Ys (Il Balletto di
Bronzo), Caronte et Atlantide (The Trip).
The key est axé sur la recherche
de quelque chose qui puisse libérer l’homme de sa prison actuelle. L’homme réfléchit
sur sa condition et se retrouve victime de visions, de cauchemars. Par des
métaphores on retrouve la vie de l’homme moderne assujetti à des puissances et
de forces plus grandes que lui (économique, politique, sociale). Ensuite
l’homme trouve que sa condition est partagée par l’humanité et il souhaite
s’affranchir de ses limites et pour ce faire il a besoin d’une clé (The Key)
pour lui ouvrir la porte et l’amener vers des nouveaux horizons. Cette clé est
une métaphore et chacun trouvera, peut être, sa propre clé qui pourra lui
ouvrir une nouvelle réalité. Le message d’Amaze Knight est un message d’espoir,
car la lutte est dure mais on peut y arriver. Ce concept est mis en valeur
aussi par l’artwork de l’album : on voit des murs, un endroit sombre, des
chaînes au sol et la jambe d’un homme qui est en train de partir. Vers le
centre, dans ce monde morne et terne, on voit un petit brin d’herbe. Le vert de
cette pousse est une touche de couleur qui appelle et interpelle l’œil de
l’observateur en lui montrant qu’il y a un espoir. L’homme qui part est l’homme
libéré qui a trouvé la clé pour se défaire de ses chaînes et il est enfin
libre.
L’artwork et l’idée d’un homme
emprisonné "Imprisoned in this cage" ce sont des clins d’œil au
mythe, à l’allégorie de la caverne de Platon. En résumant au maximum, selon
Platon les hommes sont enchaînés dans une caverne et regardent sur la paroi
devant eux les ombres des choses qui se trouvent derrière eux. Si un prisonnier
pouvait retourner sa tête, il comprendrait que les vrais objets se trouvent
derrière lui et que ce qu’il croyait vrai était en réalité une ombre projeté sur
une paroi par le feu. De plus si cet homme pouvait se libérer de ses chaînes et
il pouvait sortir de la caverne il serait d’abord ébloui par la lumière du
soleil et une fois accoutumé il comprendrait que le vrai monde se trouve à
l’extérieur et que ce qu’il connaissait, c'est-à-dire la caverne, n’était
qu’une partie de quelque chose de plus grand.
Les dernières paroles d’Amaze
Knight peuvent bien être mises en relation avec cette allégorie :
Here is a
door, I can open it
I cannot
see anything,
the glare
is too heavy for my eyes
Now the
light fulfills my soul, the shadow is no longer here, like the darkest part of
me,
The time of
sorrow and anger has gone, the time of light is now, a new life comes for me
(Liberation,
a new day)
Musicalement Amaze Knight est
très technique et inspiré. Les technicismes ne sont pas là pour montrer la
bravoure des musiciens mais au service de l’histoire du concept. Dans cette
lutte intérieure pour la liberté il y a des hauts et des bats qui sont ponctués
par des accélérations et des ralentissements de tempos. La voix aussi Fabrizio
Aseglio peut monter très haut et se faire plus déclarative selon les exigences
du moment. On peut trouver une ligne directrice qui part avec une certaine
force avec le premier titre Imprisoned (Shadows Past) pour souligner le chaos
de l’individu moderne. Cette force s’estompe au fur et mesure jusqu’à quand la
clé sera trouvée. Avec Liberation (A New Day) le piano est mis plus en valeur
et les tempi se font plus aériens et délicats.
On peut dire qu’avec ce premier
album Amaze Knight frappe un gros coup. Bien produit, bien écrit, bien joué et
avec un bon supplément d’âme qui vous porte à l’écouter et à le réécouter on
peut être que favorablement subjugué par The Key et conseiller à tous les
amants de bonne musique d’aller l’écouter. En plus il est gratuit et disponible
(avec les textes) depuis le site bandcamp du groupe.
Score 9/10
Fabrizio Aseglio
– Vocals
Christian Dimasi
– Guitars, Vocals
Davide Gemello –
Keyboards
Matteo Cerantola
– Bass
Michele Scotti –
Drums
Amaze
Knight - The Key (2013)
1.
Imprisoned (Shadows Past)
2. Restless
Soul
3.
Heartless
4.
Liberation (The Reflection)
5.
Liberation (A New Day)
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