Pulverized - Monuments of Misanthropy (2018)
Krucyator Productions
Old-school death metal
Pulverized est un groupe originaire de Santiago, capitale de la
République du Chili. Fondé en 2006, c’est en 2010 qu’une formation stable apparaît.
Stabilité qui tiendra encore aujourd’hui. En 2010 sort sa première Démo homonyme
et en 2014 sa deuxième démo Decadencia espiritual. Mais même si ces deux démos
ont été bien reçues à l’époque, Pulverized semble destiné à rester cantonné
dans l’underground local. Ce cas de figure pourrait bien changer puisque Pulverized
sort son premier album Monuments of Misanthropy pour le label Krucyator
Production.
Si vous écoutez l’album de façon distraite et vous regardez vite le
livret qui tient sur une page, alors vous allez ranger Pulverized dans la
catégorie des groupes "death metal old-schoo"l et haussant les épaules vous
passerez vite à autre chose.
Mais le diable se cache dans les détails et ici il y a plusieurs
choses à considérer et vous verrez que Monuments of Misanthropy est un solide
album à prendre bien en considération et surtout à ne pas sous-estimer.
Permettez-moi trois considérations de fond avant de parler de l’album.
D’abord le fait qu’un groupe qui arrive à publier son premier album 20 après sa
création et sans changer de line-up force le respect. Cela veut dire que Pulverized
est uni, déterminé et a su faire face aux adversités. Deuxièmement le fait que
l’album sorte via Krucyator Production est aussi un gage de qualité. Krucyator
Production est un petit label sérieux, avec un roster en béton et qui soigne à
fond ses sorties. Krucyator Production fait partie de ces labels français
versés dans l’extrême et qui ne déçoivent pas. Dans cette même catégorie je
peux vous citer les labels Armée de la Mort Records, Mortis Humanae Productions,
Atavism Records, Necrocosm, Solar Asceticists Productions, Les Acteurs de
l'Ombre Productions.
Dernière constatation : ces jours-ci j’ai réécouté avec plaisir
le premier album de Dismember (Like an Everflowing Stream), d’Entombed (Left
Hand Path), du Morbid Angel et du Dissection. Oui il faut bien réviser ses
classiques. Et puis je suis passé à ce Monuments of Misanthropy. Et honnêtement
la transition se fait à la perfection.
Et oui parce que en vieillissant se pose le problème de la transition, de la succession.
Dismember n’est plus ainsi que Dissection. Entombed a changé de registre depuis
Wolverine Blues (excellent album par ailleurs) et j’ai perdu Morbid Angel suite
à "Illud machin truc". Pulverized a assez d’expérience et de background pour
rentrer dans cette cohorte stricte de très bons albums death metal. Il y a un
côté old-school vrai et naturel dû -j’imagine- à l’âge du groupe et au fait de
militer dans l’underground depuis longtemps.
Pulverized ne réinvente pas le death metal. Il connaît bien ce genre
et il le propose à sa façon avec talent et aisance. Les six titres passent
comme une lettre à la poste et Pulverized réussi le pari de proposer 2 titres
en anglais et les 4 restants en espagnol. Je parle de pari parce que personnellement
je n’aime pas et je n’ai jamais aimé les groupes qui proposent des titres en
plusieurs langues dans le même album. C’est ma limite. Soit un album est en français, anglais,
polonais etc. dans sa totalité soit j’ai toujours eu du mal à accrocher. Dans le
cas de Pulverized je n’ai pas eu ce « problème » et je me suis fait
rapidement à tous les titres.
Devoción ouvre les hostilités dans la plus pur veine death metal
old-school. Riff direct, tempo rapide, solo acéré et chant bien guttural et
gras. Consumed by Ignorance s’ouvre avec une rythmique rapide emprunté au
Morbid Angel de Covenant. Mais la chose intéressante est l’utilisation de la
guitare soliste en tapping sur le refrain. Cela fait que ce titre devient « mélodique »
et immédiat. Entendons-nous bien. Mélodique oui, mais ça reste du death metal
bien évidemment. In the Depths of Insanity est le deuxième titre en anglais et
s’avère très intéressant parce qu’il est articulé avec le refrain qui
intervient rapidement et il se répète aussi rapidement. Ensuite il fera surface
qu’à la fin du titre. Un titre qui aura changé de tempo plusieurs fois et qui
est agrée par quatre solos deux de Pablo et deux d’Andrés. Non ce n’est pas du
progressive ou du technique. Pulverized sait accélérer et ralentir à souhait et ce n’est jamais banal ou artificiel. Un autre titre très réussi est Cadáveres.
Ce titre avec plus de huit minutes au compteur est un titre sombre à souhait.
Minimaliste même avec ses down-tempo lugubres et un refrain qui tient en un
seul mot « Cadáver » crié avec une voix de plus en plus grave. Eh oui
parce que si la voix gutturale de Claudio Anacona est grave et crasseuse, sur Cadáver elle
ne pourrait pas être plus profonde. Aniquilación genética et Profecía-Flagelo-Extinción
clôturent un album vraiment réussi.
Il faut dire que les cinq membres du groupe tirent tous leur épingle du jeu : les
deux axes sont Pablo Valdés et Andrés Valdés et ils sont très solides en
rythmique et en soliste. Les solos sont bien sentis et jouent plus sur les
ambiances que sur la vitesse d’exécution. La voix de Claudio Anacona est très
bonne et on arrive à comprendre bien les paroles que ce soit en espagnol ou en anglais. La basse de Guillermo Fuentes est un repère constant et le jeu de
batterie de Leonardo Taiba, même si n’est pas vraiment original, est rapide et
furieux.
Vous l’aurez compris donc. La force de Pulverized et de son album Monuments
of Misanthropy n’est pas l’originalité. Sa force est celle de proposer un album
qui propose du death metal à l’ancienne sans subterfuges et qui, posé sur une étagère
idéale, ne démérite pas à côté des pointures du genre. Parce que l’on peut
connaître les classiques mais des en temps c’est bien de savoir que le flambeau
pourra être porté par d’autres.
Score 9/10
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