Grave Digger - Clash Of The Gods (2012)
Grave
Digger est un groupe de heavy metal allemand fondé en 1980 qui a sorti seize
albums studio jusqu’à aujourd’hui. Pour la petite histoire, les trois premiers
albums sont plutôt anecdotiques (Heavy Metal Breakdown, Witch Hunter, War Games)
puisque le groupe évoluait dans un heavy metal sympathique, canonique mais sans
plus. Il ne faut pas se tromper quand même. Ces trois premiers opus ont fait
exploser le groupe en Allemagne. Le succès a été au rendez-vous mais le groupe
a implosé pour des problèmes d’égo et de drogue. Suite à un split de plusieurs
années, qui a amené le groupe à changer de nom, Grave Digger revient sur le
devant de la scène en 1993 avec l’album The Reaper. Depuis le groupe se forge
une bonne réputation qui lui permet de
grandir et de se faire connaître même au-delà des frontières du Rhin.
La
force du groupe tiens en Chris Boltendahl. Le chanteur, fondateur du groupe, et
seul membre à être toujours là depuis la création du groupe a donné une patte caractéristique
au ‘fossoyeur’ d’un coté grâce à sa voix au vitriol (il est vrai que l’on aime
ou on la déteste, mais en tout cas elle ne laisse pas indifférent) de l’autre
grâce à des riffs simples mais carrés et taillés dans le béton, d’un autre
encore (mais combien de coté y-a-t-il ?) un songwriting qui va puiser dans
l’histoire et la mythologie pour réaliser des concept albums intéressants. En
dernier point il faut souligner aussi la régularité et la qualité des sorties
du combo.
Voici
donc que les albums les plus aboutis sont Tunes Of War (qui relate l’histoire
de l’Ecosse jusqu’à la domination anglaise), Knights of the Cross (sur les
Templiers), Excalibur (le roi Arthur), Rheingold (inspiré par l’œuvre Der Ring
des Nibelungen du compositeur Richard Wagner).
Clash
Of The Gods sorti en 2012 se révèle comme un très bon album. Il y a des
éléments qui le pénalisent et qui ne lui permettent pas d’être un top album,
néanmoins Grave Digger s’essaie à des petits changements ou évolutions qui font
en sorte que l’écoute soit très agréable du début à la fin.
D’abord
il nous faut constater les éléments qui fâchent. Le songwriting souvent simple
se révèle faible sur un titre comme Clash Of The Gods. Il suffit de prendre le
refrain pour preuve :
Clash
Of The Gods
Clash
Of The Gods
Clash
Of The Gods
Clash
Of The Gods
C’est
vraiment mou du genou d’autan plus que ce titre donne le nom à l’album et
devrait être le plus représentatif de tout l’opus. Deuxièmement Grave Digger
pompe ses anciens titres. On peut nuancer puisque un artiste qui se pompe
lui-même rentre plutôt dans le cadre de la citation voir de l’autocitation,
mais un connaisseur du groupe ne pourra pas se retenir de faire la moue. Un riff du titre Clash Of The Gods est pompé sur The Keeper of the Holy Grail de
l’album Knight Of The Cross. De même et en pire le titre Call of the
Sirens est pompé à fond sur le titre The Dark of the Sun de l’album Tunes Of
War, à tel point que l’on peut chanter
In The Dark of the Sun
In The Dark of the Sun
au lieu de
It's the call of the sirens
It's the call of the dead
Par contre Grave Digger a fait un
bon travail sur le fond et la
forme. D’abord l’intro qui était toujours instrumentale cette
fois ci est chantée en allemand (le texte est en allemand) par Micha Rhein (In
extremo). Ensuite le solo d’Axel Ritt sur God Of Terror est de pure marque néoclassique et c’est une première pour un
groupe comme Grave Digger. Il faut juste se rappeler qu’Axel Ritt avant
d’intégrer le « fossoyer » était le master-mind (guitariste et
compositeur principal) du groupe power Domain et qui était adepte de tels soli.
Enfin le chant clair de Chris Boltendahl sur le titre Walls of Sorrow
permet un bon changement d’atmosphère qui se reflète sur le titre et sur tout
l’album.
La force de cet album est donnée
par le collectif qui offre une prestation carrée, solide et inspirée. Un
groupe qui est sur la scène depuis près de 35 ans et qui propose de mid tempo
et de tempi rapides à tout va force le respect d’autan plus que sa prestation
sur scène est irréprochable.
Grave Digger va encore plus loin
en ne proposant pas un concept album mais un double concept album. Les titres
1-5 sont tirés de la mythologie grecque et les titres 7-11 sont tirés de
l’Odyssée d’Homère et de l’Eneide de Virgil. Comme césure de ce double concept
on trouve le titre 7 Death Angel & the Grave Digger qui textuellement ne
peut pas être rattaché ni à la première ni à la deuxième partie mais qui de par
sa position dans la tracklist (en plein milieu) se présente comme la clef de
voûte de l’album.
La première partie se configure
alors ainsi : Charon (figure mythologique du panthéon étrusque passé
ensuite à celui romain et puis grecque) est le « nocher des Enfers » c'est-à-dire
celui qui conduit une embarcation. Son rôle était de faire passer sur sa
barque, moyennant un péage, les ombres errantes des morts à travers le fleuve
Achéron vers le séjour des morts (Tartare si coupables ou Champs Elysées si
bienheureux). Mettre ce titre en ouverture n’est pas anodin puisque Grave
Digger veut nous emporter avec lui vers un autre monde, celui de sa musique. God
of Terror est inspire par Hadès le dieu des enfers. Hell Dog parle de Cerbère
le chien à trios têtes qui se trouvait sur un seuil des enfers. Il empêchait
aux ombres de sortir et aux vivants de rentrer. Medusa est la gorgone à la
chevelure de serpents qui transformait en pierre tout être vivant qui croisait
son regard. Clash of the Gods semble se référer à la lutte que les dieux de
l’Olympe ont soutenue contre les Titans pour pouvoir régner sur le monde des
hommes.
La deuxième partie ou deuxième
concept relate la vie d’Ulysse à partir de la chute de Troie jusqu’a à son
retour chez lui à l’île d’Ithaque. Les sources sont l’Eneide de Virgil (la chute
de Troie) et l’Odyssée d’Homère (les voyages d’Ulysse et son retour). Walls of
Sorrow résume la ruse des soldats grecs d’offrir aux habitants de Troie un
énorme cheval en bois comme offrande. En réalité le cheval est rempli de
soldats qui pendant la nuit ouvriront les portes de la ville pour faire rentrer
les autres et ainsi la saccager et la détruire. Call of the Sirens est la rencontre
d’Ulysse avec les sirènes qui happent les marins grâce à leurs voix et ensuite elles
les dévorent une fois que leurs navires sont échoués.
Warriors Revenge est la liste de
ce que ressent Ulysse et de sa soif de vengeance une fois chez lui. En effet
Ulysse était le roi de son île mais pendant sont absence plusieurs prétendants
au trône se sont manifestés et en plus d’aspirer à son trône, ils essayent de séduire
sa femme Penelope. ...With the Wind c’est une instrumentale qui anticipe Home
at Last le dernier titre de l’album et en même temps celui qui a été choisi
comme single. Le choix de ce single a été très judicieux puisque il résume bien
l’album : rythmique entrainante, refrain fédérateur et très bonne
prestation du groupe.
Pour résumer on peut dire que oui
peut être que la période la plus glorieuse de Grave Digger est celle de sa
trilogie médiévale (Tunes Of War, Knights Of The Cross, Excalibur) mais s’arrêter à ce constat signifie ne pas
rendre justice à un groupe qui a continué et continue à sortir des albums
toujours valables, intéressants et qui – comme sur ce Clash Of The Gods – sait
faire preuve de (petites) innovations pour varier les plaisir.
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