Odraza est un duo polonais formé
par Stawrogin (Massemord) et Priest (Massemord, Medico Peste, Voidhanger) qui a
sorti son premier album Esperalem tkane via Arachnophobia
Records. L’album a été
enregistré aux Orion et Czyściec studios (Furia, Morowe, Massemord,
Bloodthirst) et a été mixé par M au No Solace (Mgla, Kriegmaschine, Medico
Peste, Voidhanger). Le résultat est fort impressionnant.
Nous tenons un album de black
metal fort réussi et assez original. L’univers décrit par Odraza fait écho avec
sa pochette. Il s’agit d’une humanité au bord du gouffre. La noirceur est
totale, l’autodestruction, la nicotine, la dépendance, une modernité avec ses
villes qui avale toute forme de conscience. Odraza signifie dégout, phobie et
le titre de l’album Esperalem Tkane et assez élaboré. "Tkane" indique la nécrose
et "Esperalem" vient d’Esperal un médicament mieux connu sous le nom de Disulfiram utilisé
dans la cure contre la dépendance de l’alcoolisme.
Si le titre Niech się dzieje
ouvre l’album dans une pure tradition black metal, même et avec surtout la décadence dont on a parlé jusqu’ici, Wielki Mizogin lorgne vers un coté punk /
crust bien appuyé et ravageur qui secoue l’auditeur. Une première originalité
vient du suivant Esperalem tkany avec ses 10 minutes au compteur. Le titre
s’ouvre doucement avec guitare sèche, basse et batterie planante pour tomber
aussitôt dans la noirceur la plus totale. Il y a une alternance réussie de
force black metal et de calme plus atmosphérique. Malheureusement pour nous les
textes sont en polonais et même avec un traducteur nous avons du mal à bien
cerner le tout. On peut quand même imaginer une lutte intérieur de quelqu’un
qui utilise le médicament, le Disulfiram pour sortir de l’alcoolisme et qui
invariablement y est attiré et y plonge et replonge. Vers la moitié du morceau
il y a une longue partie instrumentale et calme qui précède une explosion de
rare violence, tout en crescendo. Le travail à la batterie de Priest est
impressionnant tout le long de l’album. Il passe du blast beat à des tempi jazz
ou blues avec une aisance et un art qui sont très rares. Le chant de Stawrogin
est assez changeant : il passe du grunt à des cris plus perçants et
perchés. Ce chant réussi à dynamiser un type de musique qui pourrait se révéler
plus monotone à la longue.
L’instrumentale Cicha 8 nous
amène à Gorycz un titre en pure style black metal, rapide mais avec un break à
partir de 3.33 qui renvoie aux films western de Sergio Leone revisité. Próg est
un titre très intéressant puisque il évolue dans une longue partie
instrumentale finale qui touche des moments blues, screamo pour un finale
atmosphérique tout en retenu. Ici Priest donne vraiment son mieux à la batterie. Tam, gdzie
nas nie spotkamy commence doucement pour évoluer dans un tempo rythmé à la
Kashmir de Led Zeppelin le tout rehaussé par deux guitares.
Pour résumer Odraza signe avec
son premier album un carton plein. Tout est réussi à partir de la production
nette et précise en passant par le très haut niveau technique montré par le duo
Stawrogin et Priest. La matrice black metal et l’axe autour duquel le groupe se
plait à innover et à proposer des titres variés, élaborés et vraiment
captivants.
L’album existe en trois éditions
différentes :
Arachnophobia Records en jewelcase
Arachnophobia Records en slipcase (avec
pochette noire et lettres dorées)
Devoted
Art Propaganda en K7 de couleur blanche (avec pochette alternative)
Score 9,5/10
1. Niech się dzieje
2. Wielki Mizogin
3. Esperalem tkany
4. Cicha 8 (instrumental)
5. Gorycz
6. Próg
7. Tam, gdzie nas nie spotkamy
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