Norilsk – The Idea Of North (2015) Hypnotic Dirge Records
Norilsk est un groupe de doom
metal composé de Nicolas Miquelon (bass, guitars, vocals, lyrics) et de Nick
Richer (drums, percussions, backing vocals) originaire de la ville de Gatineau
qui se trouve dans la province de Québec au Canada. Etant donné que le Québec
est francophone, Norilsk a fait le choix de proposer ses textes pour la plupart
en français. Ceci n’est pas une première car il y a une scène canadienne de
black metal qui chante en français, comme par exemple Forteresse ou Sombres
Forêts.
Norilsk a tiré son nom de la ville homonyme qui se trouve dans le nord de la Sibérie. Norilsk est connue aussi comme La ville inhumaine. Voici en bref :
Norilsk a tiré son nom de la ville homonyme qui se trouve dans le nord de la Sibérie. Norilsk est connue aussi comme La ville inhumaine. Voici en bref :
L’album s’ouvre avec le titre Japetus
qui se compose de simples accords, répétés à outrance, dans un tempo lent
(doom), répétitif quasi une marche militaire et implacable. Les textes font
penser à l’avancée sans pitié de Japetus qui sur son chemin soulève des vagues
géantes, crève les cieux et tout ce qu’il y de vivant sur terre. Le groupe cite
dans les textes la Genèse 7,21-23 avec la destruction des êtres vivants lors du
déluge. Le texte est assez ambigu et puissant et Japetus peut être plusieurs
choses : 1. Un être, une créature surpuissante et destructrice. 2. Selon
son nom Japetus est un titan tiré de la mythologie grecque. Avec ses frères
Crios, Céos et Hypérion est l’un des quatre piliers du monde. Emprisonné par
Zeus dans le Tartare suite à la titanomachie (lutte entre titans et dieux de
l’Olympe) on peut imaginer que dans la chanson de Norilsk il se soit échappé et
laisse ainsi éclater sa colère. 3. On peut supposer aussi que Japeus soit la
lune, le satellite de la planète Saturne, et qui rentre en collision avec la
terre en provoquant un cataclysme. Si cette idée est bonne on peut alors la
mettre en relation avec le titre Planète Heurt qui raconte l’abandon, la
solitude dans la neige et le froid d’un grand corps mort. Encore une fois on peut
interpréter, peut être que ce corps et celui d’une créature ou celui de Japetus
après le choc. Musicalement Japetus et Planète Heurt sont liées par la même
atmosphère, des accords semblables et un rythme toujours doom et sombre à la
limite d’un son sludge.
Throa continue sur le même sillon
mais après plusieurs écoutes on aperçoit un superbe travail de batterie. Certes
le tempo est lent mais n’empêche que les nombreuses touches et accents des fûts
mettent vraiment en valeur le travail accomplie à la batterie.
A partir du titre La Liberté Aux
Ailes Brisées, l’album qui est très bon, trouve un tout nouveau souffle. La
liberté Aux Ailes Brisées est un titre rapide, mieux, plus rapide que les
autres, avec des lignes mélodique et des harmonies très marquées et appuyées.
Ce titre rentre rapidement en tête et s’avère vraiment ravageur. Mais que l’on
ne se trompe pas. Norilsk reste le même dans le sentiment de noirceur, il
suffit d’écouter les paroles de ce titre qui relate l’histoire d’un conflit religieux.
Nature Morte est un titre plutôt atmosphérique
qui replonge l’auditeur dans la noirceur avec un chant ou mieux une voix claire
qui se limite à chouchouter son texte relatant l’état d’un cadavre abandonné
sur un tertre funéraire. Ce titre est l’occasion d’une réflexion amère sur la
vie et la mort, d’où le titre « nature morte ».
Potsdam Glo est
encore un bon titre, chanté en anglais cette fois, qui reprends les thèmes
abordés jusqu’ici, c'est-à-dire le sommeil (mort ?), la neige, les géants,
la noirceur causé par un manque de lumière. Le texte est poétique et encore une
fois se prête à plusieurs interprétations. De même le titre Potsdam Glo. Nous
l’interprétons par « Potsdam grisâtre » en faisant dériver l’adjectif
allemand Glo de son équivalent l’adjectif Grau. Pourquoi Potsdam ?
Peut-être grâce à son histoire très chargée (ville des lumières sous Frédéric
II de Prusse, occupée ensuite par Napoléon, capitale de l’Allemagne jusqu’en
1918, bombardée par les Britanniques pendant la deuxième guerre mondiale, sous
le régime communiste (RDA) la ville marquait la frontière de la partie
occidentale de Berlin). En effet on imagine bien grâce à l’atmosphère sombre du
titre une sorte de ville fantôme, baignant dans la brume, où le gris domine le
tout en effaçant habitations, usines, musées, horizon.
La Grande Noirceur est un titre
instrumental qui fait de prélude à la title-track The Idea Of North. Ce titre
est sur la lignée de La Liberté Aux Ailes Brisées c'est-à-dire un poil plus
rapide mais surtout avec son coté entrainant très prononcé. Les harmonies à la
guitare ont une tournure plutôt mélancolique et grandiloquente, un peu à la
Primordial. Ce titre est différent par rapport aux autres. Ici le texte est
plutôt une déclaration d’aphorismes sur la faiblesse de la condition humaine.
Il n’y a aucun espoir possible et le texte est très proche de la poésie, il
suffit de lire ceci : « Un pont entre nous / Un abîme pour
tous ». Voici alors que The Idea Of North n’est pas à notre avis un titre
de viking ou de mythologie nordique comme on pourrait s’imaginer, plutôt le
Nord ici est vu comme verticalité, comme transcendance, comme quelque chose qui
reste une idée, un idéal, une condition que l’homme ne peut pas atteindre.
Une certaine vivacité est donnée par un riffing qui alterne parties en
« open chords » à d’autres ou le riffing se fait plus serré. Il y a
des ralentissements aussi peut être pour indiquer l’envie de s’élever vers le
haut et la chute inexorable qui en découle.
Si jusqu’ici je pensais de
proposer comme note un 9/10 je crois que je vais monter d’un cran ma notation
puisque à l’écoute de Cœur de loup tout s’emballe. En effet on peut considérer
ce titre comme un bonus. Il s’agit de la cover, de la reprise, de la chanson
Cœur De Loup du chanteur belge Philippe Lafontaine. Si l’original sorti en 1989
est une simple chanson pop, définie comme une chanson d’amour par l’artiste,
Norsilsk reprend le texte à sa façon metal et surtout s’approprie de la musique
en la réinventant complétement. Et c’est un succès.
Voici donc que Norilsk signe avec
son premier album The Idea Of North un début très intéressant qui confirme la
bonne impression suscitée à la sortie de son premier Ep Japetus paru en 2014
sous forme d’autoproduction. Il faut plusieurs écoutes pour s’approprier cet
album qui reste homogène du début à la fin avec un songwriting et une bonne
originalité qui restent constants. Norilsk sait réinventer le doom en le
rendant moderne, sombre et envoutant.
Score 9,5/10
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Norilsk – The Idea Of North (2015)
1. Japetus
2. Planèt
Heurt
3. Throa
4. La
Liberté aux Ailes Brisées
5. Nature Morte
6. Potsdam
Glo
7. La Grande
Noirceur
8. The Idea of North
9. Coeur de Loup
alternative jewel case CD edition of The Idea of North - Artworks by Sam Ford - samfordcreation.com |
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credits : guitar solo on Planète Heurt - Martin "Mort" Marion
additional guitars - Jean-Philippe Latour
additional guitars - Jean-Philippe Latour
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