24 nov. 2015

[interview] Loïc F - Autokrator (2015)

Suite à la chronique du premier album d'Autokrator, nous avons profité de l'occasion pour approfondir le sujet lors d'une interview avec Loïc F le fondateur et mastermind du groupe. Bonne lecture ! 

Autokrator est actif depuis 2014 et le groupe a sorti son premier album éponyme en 2015. Peux-tu nous présenter le groupe, son nom et ses membres ?

Autokrator est en effet actif depuis 2014. J'ai commencé à bosser sur l'album d'Autokrator après avoir fini le dernier N.K.V.D "Hakmarrja", paru chez Avantgarde Music. J'avais une idée très précise de ce que je voulais, et je savais dès le départ qu'au niveau du style, du son et des thèmes ça allait être très diffèrent de N.K.V.D. Mais jusqu'à la fin de l'enregistrement de l'album, Autokrator était destiné à être un album de N.K.V.D. Plusieurs éléments ont fait que j'ai décidé de sortir l'album sous un autre nom. Je dois t'avouer qu'après 10 ans à jouer avec N.K.V.D, j'étais un peu lassé de passer à côté d'opportunités à cause du nom de N.K.V.D et de ses thématiques, et de devoir toujours m'expliquer sur les mêmes questions, Autokrator était donc pour moi un nouveau départ.
Les musiciens qui ont joué sur l'album sont David Bailey (chant / USA) qui évolue dans Astral Oceans, Oleg I (batterie / Ukraine) qui joue dans Lycanthropy et The Konstellation, Brandon L (chant / Royaume Uni) qui est musicien studio, et Markian Volkov (sampling / Italie, un artiste  spécialisé dans l'ambiant. Le line up actuel est différent, nous évoluons à trois avec toujours David au chant et Septimiu Harsan à la batterie.
Le mot Autokrator signifie en grec moderne "Empereur", mais en grec ancien désignait une sorte de dictateur, un chef à plein pouvoirs.







Tu es le fondateur et le seul membre du groupe N.K.V.D. actif depuis 2005 et qui évolue dans un black metal industrial. Comment se passe l’expérience d’Autokrator, c'est-à-dire la vie dans un groupe, alors que tu avais l’habitude de tout gérer avec N.K.V.D. ?


Je fonctionne avec Autokrator comme je fonctionnais avec N.K.V.D. Les musiciens qui m'entourent sont des collaborateurs "studio", des gens avec qui je suis en contact depuis un certain temps, et dont les qualités musicales m'apportent un plus. La différence est quand même qu'avec Autokrator, un vrai batteur joue, et que le pour le premier album j'ai souhaité être aidé au niveau des samples, ce qui ne sera quasi pas le cas sur le prochain disque.
J'écris toujours musique et paroles, et je m'occupe toujours de l'enregistrement de mes parties, du mix et du mastering. 
Je suis en train de réfléchir pour monter un line up live, mais rien n'est fait ni décidé, c'est juste une idée qui trotte dans ma tête.
Mais ce line up ne serait que pour jouer live, car honnêtement, je ne crois que Autokrator puisse fonctionner comme un groupe traditionnel
J'ai joué dans plusieurs groupes avec N.K.V.D, je n'ai jamais été satisfait de la manière dont ça fonctionnait, je pense qu'avec mes vieilles habitudes ce serait pire.


J’aimerais bien voir avec toi le fond et la forme de cet album. D’abord pour la forme, je rebondis sur ce que tu dis sur le mot « Autokrator » qui signifie en grec moderne "Empereur", mais en grec ancien désignait une sorte de dictateur, un chef à plein pouvoirs. Est que l’on pourrait dire que Autokrator est aussi une sorte de métaphore pour ton groupe c'est-à-dire un nouveau départ (par rapport à N.K.V.D.), un nouveau groupe autonome donc, d’où le nouveau style death / industrial / drone et des musiciens qui t’entourent, même si tu gardes toujours le contrôle sur ta création ?


Autokrator est un projet à part entière. C’est un peu la "suite" de N.K.V.D. Car il y a peu de chances qu'il y ait un nouveau N.K.V.D à l'avenir. En 10 ans j'ai fait le tour de la question, j'ai exploré tout ce que j'avais à explorer. La seule chose qui pourrait me motiver à faire un nouvel album de N.K.V.D serait la volonté  de "finir en beauté" et de faire un disque qui regrouperait toutes les influences de N.K.V.D sur un disque, l'aspect direct en sans concession de Diktatura et Vlast avec le coté industriel de Hakmarrja. En fin d'année / début d'année prochaine, avec mon label Krucyator Productions en collaboration avec le label italien clan of Exclusion, nous rééditions Diktatura en digipak avec un nouveau layout, car Diktatura est sold out depuis 2010 il me semble. Il y a de fortes chances que ce soit le dernier N.K.V.D qui sortira, avec peut être une edition vinyl de Vlast. 
Donc mon avenir musical c'est Autokrator, avec un nouvel album en prévision pour 2016 et d'autres projets qui suivront.


Au niveau des thèmes, l’album décrit les figures les plus sombres de l’histoire romaine, notamment les empereurs Dioclétien, Commode, Caligula, Nero, Caracalla  sans oublier les femmes avec Messaline, la femme de l’empereur Claude. D’où vient cet intérêt pour l’histoire romaine ? C’est donc un sujet assez « metal » à tes yeux ? Autokrator est lui aussi un sombre empereur de l’histoire ancienne ?


J'ai toujours été intéressé par l'histoire en général, de toute époque et de tout sujet, mais il est vrai que les personnalités sont les choses qui me fascinent le plus, historiquement parlant, parfois beaucoup plus que les faits. L'empire romain est la base des civilisations latines européennes, étant français, avec des origines italiennes (parmi d'autres), l'empire romain est un sujet que j'ai toujours trouvé intéressant. Quant à savoir si c'est métal ou pas, c'est le dernier de mes soucis. Ce n'est pas plus ou pas moins metal que les thèmes que j'abordais avec N.K.V.D. Tu sais, parler de satan ou de magie noire, je n'y ai jamais vu aucun intérêt pour ma part, ça ne m'a jamais intéressé, et musicalement parlant, je ne suis jamais parvenu à faire de la musique qui ne me plaisait pas à 110%, même au niveau des thèmes. Je fais assez de compromis dans ma vie de tous les jours pour me permettre de ne pas en faire avec ma musique. Les personnalités de l'empire romain étaient le sujet du premier album, mais ne seront pas le sujet du prochain album. En s'intéressant à ces personnages, tu te rends compte que le temps passe mais les vices sont toujours les mêmes, ego, sexe, soif du pouvoir... Les déviances des leaders d'auparavant, sont les mêmes que celles des dirigeants actuels. Quant à Autokrator en tant qu'entité musicale, nous sommes justes des musiciens, rien de plus. Je ne suis ni un empereur, ni un baron ni quoi que ce soit. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai jamais pris de pseudo, je fais de la musique, point barre, je ne me suis jamais pris pour quelqu'un que je n'étais pas. 
Comme je l'explique souvent par rapport à N.K.V.D, je ne suis ni communiste, ni nazi, ni islamiste, je parle de sujets, comme un journaliste ou un écrivain pourrait traiter d'un sujet. De manière plus bruyante :-)
Il n'y a pas de message caché. Comme je l'ai dit depuis ma première interview avec N.K.V.D, je traite de sujets et d'époques auquel je n'aurai pas aimé particulièrement appartenir. La liberté et la paix sont deux choses qui n'ont pas de prix, et on s'en rend compte en France depuis quelques jours.


Je reprends mes lignes utilisées pour décrire l’album Autokrator : « Autokrator unie le death metal et l’industrial metal et le tout est rehaussé ou enfoncé si l’on préfère par une approche drone. Le coté drone est utilisé ici pour baisser le son de façon extrême et opprimante. Autokrator n’est pas drone. Il utilise le drone comme une partie de sa musique, comme un effet pour pousser les limites encore plus loin. Le résultat est un mur de son jamais vu auparavant. Et j’avoue qu’il faut multiplier les écoutes pour rentrer dédain ». Est-ce que tu partages cette analyse et comment décrirais-tu la musique d’Autokrator ?


Oui, c'est un très bonne analyse de d'Autokrator. J'avoue que j'ai toujours eu du mal à cataloguer la musique que je joue. L'appellation que j'ai lu à propos d'Autokrator et qui je pense colle le mieux, est "suffocating death metal". En ce qui concerne le côté "drone", il n'est vraiment utilisé que pour le titre "Optimus Princeps" et comme tu le soulignes pour la profondeur et la lourdeur. J'ai toujours aimé la musique extrême et lourde, avec Autokrator, je voulais essayer de dépasser les limites de la lourdeur, en gardant un aspect martial. J'ai toujours essayé d'aller aux limites du possible avec mes projets musicaux. Sinon, le coté industriel vient de la présence des samples, mais je  ne considère pas vraiment Autokrator comme un projet industriel. Beaucoup de groupes utilisent le sampling sans forcément être catalogués industriel. Sinon Autokrator est assez difficile d'approche, je te l'accorde, et je comprends très bien que ça en rebute plus d'un. Mais honnêtement, faire de la soupe qui plait à tout le monde et facile d'approche, ça ne m'intéresse vraiment pas. Ce qui fait qu'on s'est parfois bien fait descendre sur certaines chroniques comme par exemple celle de ces fiottes de chez Angry Metal Guy qui nous ont taxés de " the lighter-fluid drenched bag of excrement that is  Autokrator". Par un chroniqueur qui, après s'être intéressé et entré en contact avec lui s'avère être au final trompettiste dans un misérable orchestre. Non pas que je parte du principe qu'il faille être un bon musicien pour être un bon chroniqueur, mais du principe qu'à partir du moment où tu manques de respect et insulte des musiciens, c'est que de ton coté tu as quelque chose de "consistant" à proposer.


Comment se passe la composition ? Commences-tu par les paroles ou par une ligne musicale ?

Je commence toujours par la musique. En général, tout part d'un sujet qui m'intéresse et je que met en musique. Pour cet album ca a été diffèrent car je voulais que tout tourne autour du même concept, du coup je me suis plus documenté en me basant sur un sujet précis, chose que je ne faisais pas avant. Ensuite viennent les paroles. Le tout est très instinctif, je ne me force quasiment jamais à écrire. Une fois que le titre est composé et mes parties enregistrées, je donne la marche à suivre aux autres musiciens. Pour le prochain album, le processus a été un peu différent.


Quels sont les groupes que tu écoutes actuellement et les groupes qui t’ont le plus marqué ?

Je me force depuis quelques temps à me tenir à la page, j'ai eu tendance pendant des années à n'écouter que les groupes de vieille école et à rester parfois coupé du metal pendant de longues périodes. En ce moment j'écoute le dernier Revenge, Cruciamentum, "Frontschwein" de Marduk, Teitanblood, le dernier Archgoat, "Antitheist" d'Ad Hominem, Paroxsihzem, Deiphago, Gnaw Their Tongues, le dernier Adversarial, Intolitarian, Kommandant, Legion of Andromeda, Undergang, Taphos Nomos, Portal, Impetuous Ritual, Truppensturm, Grave Upheaval et bien d'autres trucs. Je me rends compte que j'écoute de moins en moins de black metal "traditionnel" au fil du temps. Sinon les groupes qui m'ont le plus marqué en général sont Marduk, Mayhem (jusqu'à wolf Lair Abyss), Laibach, Type O  Negative, Morbid Angel et Immortal (jusqu'à Blizzard Beasts). Du mainstream, que je qualifie moi de "classique" du metal extrême.


Autokrator est une co-release disponible en plusieurs formats : Digital, sur la page bandcamp du groupe,  Cd avec jewel-case rouge et Cd metal case + patch via Third Eye Temple / Godz ov War, en Cassette Audio via Inferna Profundus Records et en LP via Iron Bonehead Productions. Est-ce que c’est toi qui t’es intéressé auprès des labels ou est-ce ces labels se sont mis d’accord entre elle ? Un cd jewel case rouge est assez anodin, en plus la pochette en noir et blanc en ressort encore mieux avec cette couleur rouge qui la met en valeur. Qu’en penses-tu de ce résultat ? Es-tu satisfait du travail des labels ?

Le label principal d'Autokrator, pour le premier disque du moins, est Iron Bonehead.  J'ai contacté IBP sur conseil de Brian VDP, un designer qui bosse avec eux. Ils aimaient la musique, et on s'est rapidement mis d'accord. Ils ont été les premiers à nous faire confiance. Et Iron Bonehead a fait un travail excellentissime, tant au niveau promotion que distribution, j'ai un très bon contact avec eux et ils sont très réactifs. C'est vraiment le label idéal.  Pour la version Cd, c'est TET/GOW qui nous a contactés. Le packaging qu'ils proposaient était intéressant, donc difficile de dire non. Le résultat est très réussi, que ce soit au niveau du jewel case rouge, du metal case et même du t-shirt.  On est ravis de leur prestation également.
Si c'était à refaire, on referait de la sorte, sauf pour la cassette (je préfère ne pas m'étendre le sujet). Les labels ne se sont pas mis d'accord entre eux, mais à chaque étape, je me suis assuré que tout le monde était au courant et en accord avec ce qui se faisait.


Comment juges-tu l’impact d’internet sur ta musique ? C'est-à-dire, penses-tu que internet t’as aidé dans la promotion de l’album ? Ou l’album a été leaké ?

Il faut admettre que quasiment tout se passe sur internet maintenant. Nous avons quand même eu la chance d'avoir de la publicité en magazine, en Allemagne et en Pologne. Dont une interview sur Legacy Magazine, ce qui n'est pas rien...
La promotion sur internet et surtout sur les webzines est très importante, surtout pour un groupe qui ne tourne pas.  J'ai commencé à écouter du metal au milieu des années 90, c'est vrai que le système était très diffèrent. Les labels vendaient énormément plus de disques parce que les gens achetaient et qu'il y avait beaucoup moins de sorties. Ca  facilitait tout, surtout pour les groupes qui avaient plus de moyens. Maintenant il y a 10 fois plus de disques qui sortent, et 10 fois moins de personnes qui achètent, donc il faut s'adapter. L'album a été leaké, mais de toute manière il a toujours été disponible en version digitale gratuitement. Donc ça n'a rien changé pour nous.



Tu as dit que Autokrator est un groupe studio mais en même temps que tu envisages un line up pour les concerts. Quel est ton retour sur le metal en France, je veux dire par rapport à la scène ou aux locaux / salles où l’on peut jouer ?


Nous avons une scène excellente en France. La scène black metal française est même considérée comme une des meilleurs au monde. Et que ce soit au niveau des groupes, fests, labels et studios d'enregistrement, la France n'a rien a envier à personne, et à rattraper le retard des années 90.


Tu as parlé plusieurs fois de 2016 et du prochain album. Est-ce que tu peux en dire plus ? Il y a déjà un titre ? Un fil conducteur ? Une évolution musicale ?


Le titre du nouvel album sera "Oderint Dum Metuant", terme qui figurait sur le layout du premier album et qui annonçait donc le deuxième. Le fil conducteur est l'autorité et l'obéissance, basé sur "La soumission à l'autorité" de Stanley Milgram et sur le "Brainwashing Manual" de Beria/Hubbard. Niveau musique, ça sera du Autokrator pur et dur, en un plus lourd, avec des passages rapides plus rapides, des passages lourds plus lourds et plus varié au niveau des tempos. La pochette sera une fois de plus réalisée par Nestor Avalos.


On est arrivé à la fin de cet agréable échange, est-ce que tu as un mot final à passer pour les lecteurs ?

Merci pour ton intérêt pour Autokrator et surtout pour la chronique très détaillée que tu as faite. Et merci à ceux qui nous soutiennent.

Voici les liens pour trouver Autokrator :

20 nov. 2015

3 Days Of Silence - Sodium/Sulfur (2013)



3 Days Of Silence - Sodium/Sulfur (2013) autoproduction


3 Days Of Silence est un groupe originaire de Genève / Aigle en Suisse et actif depuis 2012. Son line up est ainsi composé : Fæx (Bass, Samplin), Tom (Guitars, Drums, Keyboards) et AsCl3 (Vocals). Tom et AsCl3 ont évolué aussi dans les groupes The Nightshade et Xicon. De plus AsCl3 fait partie aussi de Path of Desolation et Diablerets. D’abord j’aimerais ouvrir une parenthèse en rappelant que la Suisse est un berceau de groupes metal très intéressants et parmi cette liste il y en a que vous connaissez sûrement et d’autres que je vous invite à découvrir : Celtic Frost, Coroner, Darkspace, Triptycon, Sybreed, Eluveitie, Samael, Krokus, Shakra sont peut être les plus célèbres. Il ne faut pas ignorer Pertness, Rizon, Felony, Kirk, Schammasch, Seawolves, Roger Staffelbach's Angel of Eden, Nucleus Torn et encore Excelsis.

Musicalement 3 Days Of Silence fait du black metal / electronic. Conceptuellement 3 Days Of Silence travaille dans la dichotomie, le dualisme. D’abord l’album Sodium/Sulfur présente un dualisme déjà dans le titre mis en évidence par ce signe « / ». Deuxièmement Sodium/Sulfur est sorti seulement en cassette audio et vinyle. Pas par snobisme mais pour mettre en évidence les deux faces d’une même médaille. En ce faisant les titres 01 - Mortality/Normality - 02 - Ask the Dust - 03 – Consolamentum du côté A sont des titres ou l’élément électro est le plus marqué. Les titres 04 - Na-tural S-tate - 05 – Verwüstung - 06 - S.W. MMVII - 07 - White Birds de la face B sont plus orientés black metal.

Dans le titre Na-tural S-tate on trouve ces mots :


Sodium – the light that hardly burns
Sulfur – the great beast stirs in me


Eux aussi résument bien le dualisme de 3 Days Of Silence. La photo du background de la page bandcamp du groupe va dans le même sens : le blanc de la photo est le blanc des lumières et c’est le côté « sodium ». Le noir, les ombres, sont les ombres qui se trouvent dans le cœur de chaque homme et c’est le côté « sulphur » c'est-à-dire soufre. Musicalement on a dit que cette différence se trouve clairement dans les deux côtes de l’album. Mais il faut aller plus loin. On trouve que les touches de synthé, ces touches de piano aux sons clairs et nets, ainsi que la touche électro donnent un côté clair, blanc, aseptisé. Et à contrario la voix extrême, les guitares acérées, le tempo rapide et soutenu sont des éléments qui mettent en valeur le côté sombre et bestiale. 

Face A  - Sodium


Mortality / Normality s’ouvre de façon planante. Tempo ralenti, touche d’électro, voix black. Une guitare heavy s’alterne avec une guitare saturée à la black metal. Les ambiances s’alternent mais le tempo est toujours hypnotique. Une lente spirale dans la désolation urbaine (la nuit, la solitude, ce qui aurait pu être et n’a pas été). Ask The Dust présente un côté électro plus marqué et une voix claire très appréciable. On continue vers le côté blanc tellement blanc qui reste aseptisé et produit peur. En quelque mot on trouve la situation de l’homme moderne : "For a chance I never wanted / I want a chance that never comes". La voix grunt se manifeste alors avec un côté électro rehaussé qui fait évoluer le titre vers un crescendo savoureux. Consolamentum s’ouvre avec un piano et un côté électro qui reste sur le fond. Encore la voix black pour mettre en valeur la crise humaine. On s’affaire toujours pour n’arriver pas à grand-chose. Un jour les hommes apprendront que : "You will learn, learn, learn... / There’s nothing out there, out of your bone boxes”. La coda du titre avec piano est sombre, mélancolique, inquiétante.

Face B  - Sulfur


On change de côté et on se trouve face à une déferlante black metal avec le titre Na-tural S-tate. Le côté électro peut faire penser à Dark Tranquillity mais 3 Days Of Silence reste black metal. A 1.47 on a un changement de tempo avec un riff initié par la basse et suivi par la guitare qui est très réussi et entêtant. Sur ce riff va se poser ensuite un très bon solo. Puis le titre redémarre tout en accélération.
Verwüstung est la désolation la plus directe qu’il soit, titre caractérisé par un assaut franc et aussi des changements de tempi qui dynamisent ce titre. La voix mais on aurait tendance à dire les voix tellement elles se croisent entre un chant grunt extrême et un plus souffert encore, sont formidables.
S.W. MMVII est avec Mortality / Normality l’un des titres les plus longs. Les accélérations black metal couplées à des ralentissements en voix claire mais morbide en font un titre très réussi. Il y a un côté extrême assumé et bien maitrisé. Le solo final est magnifique. Il y a presque un côté théâtrale dans ce titre dans la façon de chanter qui fait penser carrément à une déclaration, à une mise en scène d’une pièce théâtrale où le sujet est la vie et la désolation qui l’entoure. White Birds conclût l’album comme un feu d’artifice car d’un côté il s’avère comme un titre très rapide, très dynamique avec des jolies mélodies et un texte qui relate la fin du monde. Oui l’apocalypse tirée et réinterprété du texte sacre Bhagavad Gita

alors 


Il faut souligner que 3 days of Silence se fait épauler par des invités comme John (Blutmond et Totgeburt) qui chante sur le titre S.W. MMVII et Aort (Binah, Blutvial, Code, Decrepit Spectre) qui pose son solo sur S.W. MMVII. Patrick (Lucifer In Love, Near Death Condition) chante sur les titres Ask The Dust et Na-tural S-tate. Vince (The Nightshade, Xicon) a posé sa voix comme ‘lead vocals’ sur le titre White Birds en prenant les voix du dieu hindi Krishna. Et encore il faut souligner que la voix off féminine qui apparaît sur le titre Mortality / Normality ce sont des samples tirés de la pièce 4.48 Psychosis de Sarah Kane. Sarah Kane était un auteur de théâtre qui après avoir écrit sa pièce 4.48 Psychosis a tenté le suicide. Elle a été sauvée et une fois hospitalisée elle a réussi quand même à se suicider avec une cordelette fabriquée par les lacets de ses chaussures. La pièce 4.48 Psychosis est un monologue, un drame écrit à la première personne sur la dépression.

Voici alors que 3 Days Of Silence parle d’un côté, du rapport que l’homme instaure avec un monde froid et déshumanisé et de l’autre, de ce qui passe à l’intérieur de cet homme qui essaie de traverser ce monde hostile. A la fin, on a envie de se demander qu’est-ce que sont ces « 3 jours de silence » ? Il s’agit peut-être des trois jours pendant lesquels Jésus est mort. Peut-être alors que nous tenons alors une métaphore : pour avoir le silence, dans ce monde hostile et bruyant, il faut être mort.

3 Days Of Silence signe avec son premier album Sodium/Sulfur un petit bijou sur le fond et sur la forme. Il y a un grand travail conceptuel en amont qui ressort à l’écoute de l’album. Un album qui mélange plusieurs facettes avec aisance et brio mais qui se veut un album pour des fans avec une ouverture mentale. Bref il s’agit de l’un des meilleurs albums que j’ai pu écouter dernièrement et que je vous invite à découvrir.

Score 9,5/10

nota : le vinyle est accompagné d'une dropcard qui présente un code pour télécharger depuis internet trois titres bonus :
1. Ask the Dust (C21H30O5 mix)
2. Mortality/Normality (Wulf Kloff remix)
3. Two Worlds



3 Days Of Silence - Sodium/Sulfur (2013) vinyl - cover art by Slo
3 Days Of Silence - Sodium/Sulfur (2013) vinyl - cover art by Slo
dropcard
Cassettes audio blanches ou grises (version promo)



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