Sanguinary Trance - Wine, Song and Sacrifice (EP 2018)
Self-released
Black Metal
Sanguinary Trance est une one-man-band autrichienne qui maintient l'anonymat le plus total. On peut juste vous dire que "Wine, Song and Sacrifice" a été enregistré entre septembre et décembre 2017, mixé de janvier à avril 2018 et masterisé en juin 2018. Le seul membre à la base du projet reste anonyme, cependant on peut dire que certains personnes ont collaboré a ce projet, et voici :
S. Spulak – Session drums
Lanz (Amestigon, Der Blutharsch and the infinite church of the leading
hand) – Guest solo and additional lead guitars
Kark (Dødsengel) – Mastering
On viendra vers vous, chers lecteurs, pour une chronique. D'ici là, bonne écoute !
Druknroll est un groupe de modern metal russe originaire de Saratov et
actif depuis 2006. Druknroll a publié le single Металлическая ночь en 2006 et
puis il a fallu attendre jusqu’à la sortie de son premier album Броуновское
движение en 2010 (album qui reprenait le single). Ensuite pour son deuxième
album На лезвии ножа (2012) Drukroll se lie au label Metal Scrap Records. Il
s’ensuit une collaboration qui continue avec l’album Точка кипения (2014), l’Ep
Петля мироздания (2015), l’album In The Game / В Игре sorti en 2016 et aujourd’hui
on vous parle du tout dernier album Unbalanced (2018). Unbalanced a été anticipé
en 2017 par l’EP Bad Math qui contient trois titres qui figurent tous sur l’album
Unbalanced.
Avec l’album précédent nommé In The Game / В Игре on pouvait
constater l’envie de viser un publicplus large grâce à un titre en russe et anglais et aussi à une tracklist
avec les titres en russe et leur traduction en anglais. On constatait aussi que
cette démarche anglophone n’était pas exploitée pleinement puisque en 2016 le
groupe chantait en russe et les lyrics (présentes dans le livret étaient aussi
en russe).
On terminait notre chronique de l’album In The Game / В Игре avec ces
mots : « Si Druknroll arrivait à faire plus d’effort sur la
pochette et peut-être à se mettre à l’anglais, ceci lui permettrai de
s’exporter au-delà de la Russie ».
Et avec Unbalanced c’est chose faite. Druknroll chante en anglais et l’artwork
a été réalisé par l’artiste russe Mosa Eye, un artiste connu dans l’underground
principalement russe. Si on veut être succinct on peut affirmer que Druknroll avec
Unbalanced a réalisé un album parfait.
Le groupe est formé
par Druknroll (Guitars, Bass, Keyboards, Drum programming), Horror (Vocals),
Maria (Vocals), Alex Knip (Guitars (lead), Keyboards, Additional Production). A
côté d’eux en tant que guests on trouve Denys Malyuga (Guitars (lead) on tracks
1, 2, 4, 5, 7, 10) et Max Perepyolkin (Guitars (lead) on tracks 3, 6, 9).
La force et l’originalité de Druknroll est celle de proposer des
titres courts, rapides, incisifs et qui mélangent à la fois une myriade d’éléments
metal. Le tout est savamment dosé et fluide et à l’arrivée on a un album éclectique
et sublime. Alors oui, coté communication on vous dit que cet album est réservé
aux amateurs de Children Of Bodom, Soilwork, Mercenary, Degradead, Dark
Tranquillity, and In Flames. Mais ce n’est pas tout. Les influences vont plus
loin encore. Il y a des échos de Machine Head (période Unto the Locust) par rapport au
chant et à certaines harmonies de guitare ; on peut citer aussi System Of
A Down (des deux premiers albums) pour ce côté patchwork et alternance de moment
variés / rapides. Mais on peut penser aussi à des groupes comme Evanescence ou
Saliva mais EN PLUS COSTAUD.
La voix d’Horror est death metal et va parfois à chercher dans le
grunt le plus rocailleux. On le voit dès l’ouverture de Hundred avec une
strophe metal et un refrain fédérateur, léger, moderne avec un clavier qui s’installe
et accentue le côté mélodique. Côté subitement cassé à la fin du refrain qui s’ouvre
sur un solo endiablé et on repart sur la rythmique rapide d’ouverture. A 4 :28
est très intéressant la reprise du morceau qui se fait par une voix et des sons
filtrés. Des solos en voici en voilà et c’est du très bon. Unbalanced a un côté
épique souligné par les claviers. La voix passe du grave au plus grave encore
et une grande attention est focalisée sur le refrain qui encore une fois rentre
tout de suite en tête. Le drumming est effréné et la guitare rythmique monte et
descends ses gammes de façon monstrueuse. Bad Math est un morceau death metal
qui passe au groove metal en phase de refrain avec une touche de nappes de
clavier. Il y a un break acoustique central qui casse le rythme et permet au
solo d’exploser. Ce titre est vraiment direct et fédérateur et ce n’est pas un
hasard s’il a été choisi pour l’EP de 2017 pour anticiper la sortie de l’album.
It's Not My Way est l’un de mes titres préféré. Intro acoustique,
clavier en fond sonore et Maria qui chante en voix claire. Le tempo s’accélère
et Horror entre en scène avec une voix qui efflore le « pig squeal ». C’est un titre fait d’ombre et de lumière, un équilibre parfait entre les deux
voix et le riff qui se veut aéré et lourd à souhait. Le solo est excellent et
rappelle les solos de Joe Satriani je pense au morceau Summer Song qui figure sur l’album The Extremist (1992).
Je ne vais pas vous faire du
track by track mais sachez que la suite est énorme. Philosophy Of Life est un
coup de poing direct. Écoutez ce break à plein volume, il commence à 3 :02.
C’est sublime ! Mirror présente deux lignes
que je vous partage parce que je les trouve très réussies :
"A mirror’s like a forest, where you can get lost and never find
your way home and die in hell
A mirror’s like a soul, you can go into and fall into the most distant
corners of hell"
Druknroll avec Unbalanced réalise un album exceptionnel. Varié, éclectique,
il réunit et fond plusieurs styles avec aisance et maîtrise. C’est un mix excellent
de force, technique et talent. Les chansons restent bien en tête en on
multiplie les écoutes avec un réel plaisir.
Pulverized est un groupe originaire de Santiago, capitale de la
République du Chili. Fondé en 2006, c’est en 2010 qu’une formation stable apparaît.
Stabilité qui tiendra encore aujourd’hui. En 2010 sort sa première Démo homonyme
et en 2014 sa deuxième démo Decadencia espiritual. Mais même si ces deux démos
ont été bien reçues à l’époque, Pulverized semble destiné à rester cantonné
dans l’underground local. Ce cas de figure pourrait bien changer puisque Pulverized
sort son premier album Monuments of Misanthropy pour le label Krucyator
Production.
Si vous écoutez l’album de façon distraite et vous regardez vite le
livret qui tient sur une page, alors vous allez ranger Pulverized dans la
catégorie des groupes "death metal old-schoo"l et haussant les épaules vous
passerez vite à autre chose.
Mais le diable se cache dans les détails et ici il y a plusieurs
choses à considérer et vous verrez que Monuments of Misanthropy est un solide
album à prendre bien en considération et surtout à ne pas sous-estimer.
Permettez-moi trois considérations de fond avant de parler de l’album.
D’abord le fait qu’un groupe qui arrive à publier son premier album 20 après sa
création et sans changer de line-up force le respect. Cela veut dire que Pulverized
est uni, déterminé et a su faire face aux adversités. Deuxièmement le fait que
l’album sorte via Krucyator Production est aussi un gage de qualité. Krucyator
Production est un petit label sérieux, avec un roster en béton et qui soigne à
fond ses sorties. Krucyator Production fait partie de ces labels français
versés dans l’extrême et qui ne déçoivent pas. Dans cette même catégorie je
peux vous citer les labels Armée de la Mort Records, Mortis Humanae Productions,
Atavism Records, Necrocosm, Solar Asceticists Productions, Les Acteurs de
l'Ombre Productions.
Dernière constatation : ces jours-ci j’ai réécouté avec plaisir
le premier album de Dismember (Like an Everflowing Stream), d’Entombed (Left
Hand Path), du Morbid Angel et du Dissection. Oui il faut bien réviser ses
classiques. Et puis je suis passé à ce Monuments of Misanthropy. Et honnêtement
la transition se fait à la perfection.
Et oui parce que en vieillissant se pose le problème de la transition, de la succession.
Dismember n’est plus ainsi que Dissection. Entombed a changé de registre depuis
Wolverine Blues (excellent album par ailleurs) et j’ai perdu Morbid Angel suite
à "Illud machin truc". Pulverized a assez d’expérience et de background pour
rentrer dans cette cohorte stricte de très bons albums death metal. Il y a un
côté old-school vrai et naturel dû -j’imagine- à l’âge du groupe et au fait de
militer dans l’underground depuis longtemps.
Pulverized ne réinvente pas le death metal. Il connaît bien ce genre
et il le propose à sa façon avec talent et aisance. Les six titres passent
comme une lettre à la poste et Pulverized réussi le pari de proposer 2 titres
en anglais et les 4 restants en espagnol. Je parle de pari parce que personnellement
je n’aime pas et je n’ai jamais aimé les groupes qui proposent des titres en
plusieurs langues dans le même album. C’est ma limite.Soit un album est en français, anglais,
polonais etc. dans sa totalité soit j’ai toujours eu du mal à accrocher. Dans le
cas de Pulverized je n’ai pas eu ce « problème » et je me suis fait
rapidement à tous les titres.
Devoción ouvre les hostilités dans la plus pur veine death metal
old-school. Riff direct, tempo rapide, solo acéré et chant bien guttural et
gras. Consumed by Ignorance s’ouvre avec une rythmique rapide emprunté au
Morbid Angel de Covenant. Mais la chose intéressante est l’utilisation de la
guitare soliste en tapping sur le refrain. Cela fait que ce titre devient « mélodique »
et immédiat. Entendons-nous bien. Mélodique oui, mais ça reste du death metal
bien évidemment. In the Depths of Insanity est le deuxième titre en anglais et
s’avère très intéressant parce qu’il est articulé avec le refrain qui
intervient rapidement et il se répète aussi rapidement. Ensuite il fera surface
qu’à la fin du titre. Un titre qui aura changé de tempo plusieurs fois et qui
est agrée par quatre solos deux de Pablo et deux d’Andrés. Non ce n’est pas du
progressive ou du technique. Pulverized sait accélérer et ralentir à souhait et ce n’est jamais banal ou artificiel. Un autre titre très réussi est Cadáveres.
Ce titre avec plus de huit minutes au compteur est un titre sombre à souhait.
Minimaliste même avec ses down-tempo lugubres et un refrain qui tient en un
seul mot « Cadáver » crié avec une voix de plus en plus grave. Eh oui
parce que si la voix gutturale de Claudio Anacona est grave et crasseuse, sur Cadáver elle
ne pourrait pas être plus profonde. Aniquilación genética et Profecía-Flagelo-Extinción
clôturent un album vraiment réussi.
Il faut dire que les cinq membres du groupe tirent tous leur épingle du jeu : les
deux axes sont Pablo Valdés et Andrés Valdés et ils sont très solides en
rythmique et en soliste. Les solos sont bien sentis et jouent plus sur les
ambiances que sur la vitesse d’exécution. La voix de Claudio Anacona est très
bonne et on arrive à comprendre bien les paroles que ce soit en espagnol ou en anglais. La basse de Guillermo Fuentes est un repère constant et le jeu de
batterie de Leonardo Taiba, même si n’est pas vraiment original, est rapide et
furieux.
Vous l’aurez compris donc. La force de Pulverized et de son album Monuments
of Misanthropy n’est pas l’originalité. Sa force est celle de proposer un album
qui propose du death metal à l’ancienne sans subterfuges et qui, posé sur une étagère
idéale, ne démérite pas à côté des pointures du genre. Parce que l’on peut
connaître les classiques mais des en temps c’est bien de savoir que le flambeau
pourra être porté par d’autres.